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Le Masque Batcham : un patrimoine volé

by Rédaction 01
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«LE BATCHAM », UN PATRIMOINE VOLE

De toutes les œuvres  d’art que le génie africain ait produites, le masque est celle qui attire trop de curiosité. «Le Batcham » semble le faire un peu plus. «Le Batcham », qu’est – ce que c’est et quelle en est la signification? «Le Batcham » pour quoi faire et quel sort aujourd’hui ?

«Le Batcham » est un masque géant fabriqué vers la fin du XIXe siècle à Baléna-Batcham par un artisan de renom appelé Nossapé Tafouo dit Shu Fuo Kuoda. Ce masque traduit toute la philosophie de Fuo Fomékong Malondzue, roi conquérant au trône depuis 1860 ; d’où son thème : « guerre, pouvoir et société ». «Le Batcham », c’est donc le roi face à son peuple mais aussi ce dernier face à Dieu. Il est alors porteur de grands principes de communication et de dialogue. Malheureusement, «le Batcham », à l’instar d’autres productions africaines, va être arraché pour se   retrouver de l’autre côté de la Méditerranée. En effet, en 1904, alors que la région des Grassfields est déjà sous occupation allemande, un Massidza du roi, transportant  « le précieux colis » vers le palais royal, est interpelé par l’officier allemand Von Wüthernow. Lorsque celui-ci lui demande ce qu’il a dans le sac, l’infortuné lui répond « men gnin patsoon », littéralement « je suis de Batcham », croyant qu’il a demandé son nom. C’est alors que l’Allemand fait descendre le sac de sa tête et, découvrant le masque (touo mô patsoon), lui attribue aussitôt le nom de « Patsoon » que son frère Von Kuebloch avait déjà traduit l’année d’avant « Batscham ».

Depuis lors, «le Batcham » va connaître diverses fortunes. La copie de Wüthernow va être conservée au musée de Völkerkunde de Leipzig sous le N°  MAF 9.401. Elle a été détruite en 1943 lors du bombardement de cette ville. Compte tenu de son importance, il est reproduit, d’abord par son auteur lui-même et plus tard par d’autres artisans des chefferies Bandjoun, Bamendjinda et Bamoun entre autres.  Une nouvelle pièce va alors être léguée au musée Rietberg de Zürich en Suisse par le Baron Von der Rheydt. De nombreuses autres copies ont été répertoriées,  notamment à Marseille où, du 13 novembre 1993 au 31 janvier 1994, a eu lieu une exposition exclusivement consacrée au  « Batcham ». C’est à la suite de cette exposition à laquelle le monarque de Batcham d’alors, Fuo Tatang Robert, est invité mais a décliné – par ignorance sans doute – l’offre, que  le Dr Notue Jean Paul va attribuer la paternité du « Batcham » à la chefferie Bandjoun. La réplique batcham ne s’est pas faite attendre ; le 27 février 1999, une conférence a lieu au Yaoundé Hilton Hôtel sur le thème : « LE BATCHAM » : UN CHEF-D’ŒUVRE DE L’ART AFRICAIN, prélude à la FOIRE EXPO’CULTURELLE ET ARTISANALE DE BATCHAM-BALENA (05-07 mars 1999).  Aujourd’hui, un jeune artisan au talent incontesté, Douandji Lado Paul,  s’est décidé de perpétuer l’œuvre de Nossapé Tafouo avec qui il partage la même lignée.

Rappelons que lors de l’exposition de Marseille, une copie du « Batcham » a été vendue aux enchères au prix de 310 000 dollars, soit plus de 180 000 000 de francs CFA. Malheureusement, ses auteurs sont purement et simplement ignorés des retombées. Vivement que   l’UNESCO  procède sinon au rapatriement de ce patrimoine culturel comme Afo Akom ou le « Bélier du Président » ou à son inscription au patrimoine mondial, du moins exiger le paiement des compensations à titre de droits d’auteur. Vivement aussi que le gouvernement camerounais œuvre pour sa reconnaissance comme patrimoine national, faute de mieux.

Tatiodjio Martin,  DEA – Histoire des civilisations,

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