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Jeux et enjeux de la crise alimentaire au Cameroun.

by Webmaster
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L’envolée des cours des matières premières et la hausse des prix des produits de première nécessité affectent le Cameroun au même titre que d’autres pays africains.

Le blé, le riz, l’huile, la farine, le pain, l’essence ont vu leurs prix augmenter significativement sur les marchés entraînant une flambée de violence à la fin du mois de Février 2008 dans plusieurs villes du pays (Yaoundé, Douala, Bamenda, Bafoussam, Kumbo…etc). Cette situation qui traduit à l’échelle locale la première crise alimentaire mondialisée, soulève des questions simples appelant des réponses concrètes.

Que se passe t-il concrètement ?
Les cours de la plupart des matières premières agricoles ont brusquement flambé sur les marchés à partir de 2006 à un rythme qui s’est accéléré en 2007 et 2008. Ainsi le prix du kilogramme de riz est passé en quelques semaines de 350fcfa à 450fcfa, dans le même temps, le litre d’huile est passé de 500 à 1000fcfa, le kilogramme de sucre de 600 à 900fcfa, le savon, la viande et d’autres produits tels que le blé ont également vu leur prix s’envoler sur les marchés.

Quelles sont les causes de cette situation ?
Si les causes de la crise au niveau mondial sont clairement identifiées (croissance de la population, changement des habitudes de consommation des populations des pays émergeants, hausse du prix du baril de pétrole, spéculation, détournement des superficies de terre destinée à l’agriculture vivrière ou alimentaire au profit de la culture des agro carburants), la principale cause de l’amplification des conséquences au niveau local est le déclin progressif et l’extraversion de l’agriculture camerounaise qui entraîne une offre alimentaire déficitaire et incapable de suivre la demande sans cesse croissante. Plusieurs raisons peuvent expliquer le piteux état de notre secteur agricole :

-Tout d’abord l’on peut relever qu’au même titre que les autres pays de l’ex empire colonial français, l’agriculture camerounaise a été spécialisée dans la production des matières premières exportables au détriment des cultures vivrières ;

– la structure archaïque de notre agriculture caractérisée par le développement de la monoculture entraînant un appauvrissement des sols, et la dépendance vis-à-vis de la pluviométrie alors que le Cameroun jouit d’un potentiel hydrologique suffisant pour l’irrigation ;

– l’émergence dans les villes camerounaises d’une nouvelle classe de consommateurs adoptant de nouvelles habitudes alimentaires ;

– le fait que le Cameroun comme la majorité des pays d’Afrique subsaharienne n’a pas réussi à relier ses villes à ses campagnes pour enclencher le développement. Ainsi, le pouvoir d’achat des grandes villes camerounaises permet de soutenir les paysans des autres continents alors que les campagnes africaines se vident en raison de l’absence de revenus réguliers ;

– enfin le caractère inadapté des politiques agricoles mises en place sous le diktat des institutions de Bretton woods durant les décennies de l’ajustement structurel marquées par le désengagement de l’Etat abandonnant les paysans à eux-mêmes.

Quelles solutions ?
Des réponses d’ordre budgétaire ont été immédiatement appliquées, portant sur la baisse des droits de douane, des taxes sur les produits de première nécessité ou de l’augmentation temporaire des subventions ces mesures visant à atténuer sur le court terme la flambée des prix ont eu un impact limité sur le phénomène. Il convient dans l’absolu de rejeter cette logique de court terme car elle entretient une situation de dépendance vis-à-vis de l’extérieur en fragilisant progressivement les productions locales. Le Cameroun doit résolument s’engager dans la mise en place des politiques structurelles de relance du secteur agricole, de l’organisation des filières agro-industrielles et des infrastructures en s’appuyant sur une coordination au niveau sous-régional. Il faut également envisager de faire évoluer progressivement les habitudes alimentaires en remplaçant par exemple dans la fabrication des denrées de première nécessité telles que le pain des produits comme le blé par des céréales et des tubercules locales telles que le sorgho, le soja, la patate, les pommes de terre etc…).

Il est enfin indispensable de mettre en place des incitations visant à favoriser l’investissement dans le secteur agricole. En effet, un des problèmes majeurs de l’agriculture est la non définition des droits de propriété agricole d’où l’incitation faible à investir dans ce secteur. Le défi est ainsi de permettre des arrangements institutionnels adaptés aux coutumes locales permettant la responsabilisation et la sécurisation des entrepreneurs agricoles. Ce n’est qu’à travers cette démarche de fond que l’offre agricole pourra émerger, suivre la demande et répondre aux besoins de la consommation locale avec comme objectif final l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. Cette crise qui se présente aujourd’hui comme une situation dramatique pourrait ainsi se transformer en une opportunité de forte croissance pour les économies qui sauront s’adapter et faire les réformes indispensables pour relancer leur production agricole.

Le Cameroun s’il arrive à saisir cette opportunité pourrait alors devenir véritablement le grenier de l’Afrique centrale et tirer profit d’une situation bien mal engagée. 

SONKWE TIWA Alex
© Publié dans  ‘‘NGHIE POUO PATSO’ON 2008’’.
(Organe d’expressions des élèves et Etudiants Batcham de Yaoundé).

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