Array ( [type] => 2 [message] => Undefined array key "HTTP_X_REQUESTED_WITH" [file] => /home/clients/8a96dacda0da34c9100dfd0399d8436a/sites/edicaf.com/wp-config.php [line] => 1 ) Du CLCN à l’Organisation intercommunautaire de la Ngiemboonphonie -OIN – UPA-Edicaf
LOGIN
Home A Propos Du CLCN à l’Organisation intercommunautaire de la Ngiemboonphonie -OIN

Du CLCN à l’Organisation intercommunautaire de la Ngiemboonphonie -OIN

De la réforme du Comité de Langue et Culture Ngiemboon - CLCN

by Rédaction 01
0 comment

Du Comité de Langue et Culture Ngiemboon (CLCN) à l’Organisation intercommunautaire de la « Ngiemboonphonie » (OIN)

Par Dr DJIAFEUA Prosper

 Introduction

Au 21ème siècle dans le monde, l’heure est aux grands regroupements. Si certains de ces regroupements sont d’ordre politique, d’autres sont sectoriels et mettent en avant des préoccupations éducatives, économiques, scientifiques, linguistiques, culturelles, …. Ainsi, il existe des regroupements sous-régionaux, continentaux et mondiaux. La CEMAC (Communauté des Etats de l’Afrique Centrale), l’UA (Union Africaine), l’ONU (Organisation des Nations Unies), l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), le Commonwealth of Nations, l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), … participent de ce genre de regroupements. A l’observation des faits, on s’aperçoit qu’on sort toujours grandi lorsqu’on est uni plutôt que divisé. Tel est le sens du proverbe ngiemboon : « une seule main ne peut attacher le paquet ». Mais, à l’évidence, ce proverbe qui est récurrent dans la communication en langue ngiemboon n’impacte pas sur les habitudes de vie des groupements qui constituent cette communauté linguistique dès lors qu’il faut se mettre ensemble pour développer des initiatives d’intérêt commun. Bien que l’on dise que les ngiemboon sont tous issus d’un ancêtre commun, les rapports entre les différents groupements qui le constituent sont parfois tendus. Le Comité de Langue et Culture Ngiemboon (CLCN) organisation de la société civile, a pendant longtemps cherché les voies et moyens pour qu’autour de la promotion de la langue et de la culture, quelque chose de commun se construise mais s’est parfois heurté à des réticences liées aux contingences historiques. Sans vouloir entrer dans les raisons des dysfonctionnements observés, nous avons pensé pouvoir présenter dans ce bref papier le comité de langue et culture ngiemboon et montrer la nécessité qu’une autre institution que nous appelons « Organisation Inter-communautaire de la Ngiemboonphonie » (OIN) puisse être l’instance pour adresser les projets d’intérêt commun entre ces groupements frères. Notre propos est axé sur deux points, d’une part, le comité de langue et culture ngiemboon et l’organisation intercommunautaire de la ngiemboonphonie, d’autre part.

Le Comité de Langue et Culture Ngiemboon

Le Comité de Langue Ngiemboon en abrégé (CLN) a été créé en 1994. Son premier Président fut M. KENNE FOUAFANG David (de regrettée mémoire). Depuis sa création, l’association couvre tous les groupements ngiemboon et développe ses activités, aussi bien dans ces villages que dans les grandes métropoles du pays, à travers ses antennes locales et extérieures : Batcham-Chefferie, Batcham-Ville, Balatchi, Bangang, Balessing, Batan, Yaoundé, Douala, Bafoussam, Mbouda, Dschang, Il entend s’ouvrir à toute la diaspora ngiemboon. Le 1er décembre 2012, au cours de l’assemblée générale élective du Comité de Langue Ngiemboon, Dr. DJIAFEUA Prosper a été élu comme le Président de cette structure et l’une des résolutions de cette AG était de passer d’une structure linguistique à une entité linguistique et culturelle. C’est dans ce sens que le Comité de langue Ngiemboon est passé au Comité de langue et culture Ngiemboon. En devenant le 3ème président du Comité de Langue depuis sa création en 1994, il s’est exprimé au cours de son installation en ces termes: « Notre langue et notre culture se meurent. La langue ngiemboon est classée parmi les « endangered languages » de l’UNESCO. Cet héritage millénaire reçu gratuitement de nos ancêtres est sur le point de disparaître du fait, entre autres, d’un déficit de transmission intergénérationnelle ».

Objectif et réalisations du Comité de Langue et Culture Ngiemboon

Dans le chapitre premier du titre premier et à l’article 1er de ses statuts, il est clairement stipulé que le Comité de Langue et Culture Ngiemboon a pour but de moderniser et de standardiser la langue ngiemboon, de promouvoir sa culture, sa littérature et son utilisation pour l’alphabétisation et son intégration au système éducatif et au processus de développement.

Les réalisations du Comité de Langue et Culture Ngiemboon portent essentiellement sur :

  • L’exécution des tâches administratives et de relations publiques ;
  • La sensibilisation des familles pour un regain d’intérêt pour la langue maternelle ;
  • L’organisation des campagnes d’alphabétisation et d’enseignement de la langue maternelle à l’intérieur comme à l’extérieur de l’aire linguistique ;
  • La collaboration avec l’Etat dans le cadre de l’enseignement de la/en langue maternelle ;
  • La collaboration avec l’association nationale des comités de langues camerounaises(ANACLAC) ;
  • La collaboration avec la Société Internationale de Linguistique (SIL) dans les travaux de recherche sur le développement écrit de la langue maternelle et avec CABTAL dans les travaux liés à la traduction des Saintes Ecritures ;
  • La réalisation des travaux de traduction des documents de la langue maternelle aux autres langues et vice versa ;
  • L’élaboration des matériels didactiques et des ouvrages de référence scientifiques ;
  • L’introduction de la langue dans le cyberespace ;
  • La promotion de la culture Ngiemboon dans tous les aspects matériels et immatériels ;

Difficultés, besoins et degré d’implication des élites

La mise sur pied d’un comité de langue nationale dynamique se heurte à la non valorisation des langues nationales depuis l’époque coloniale. Et, de nos jours, les élites n’adhèrent pas véritablement au projet de valorisation du patrimoine linguistique parce que beaucoup, du fait de l’usage quotidien des langues étrangères pour assurer l’essentiel de leurs échanges ou par snobisme, n’accordent plus d’intérêt aux valeurs linguistiques et culturelles endogènes. Il va sans dire que la dépréciation des langues africaines est corollaire de celle des structures en charge de les protéger et de les promouvoir, les comités de langues et cultures nationales, en l’occurrence. Cette première difficulté est en amont de toutes les autres, à l’instar de l’insuffisance de personnalités promptes à appuyer les activités du comité. Il faut dire que l’adhésion des populations aux idéaux du comité se résume très souvent aux bonnes intentions. Il est indéniable que beaucoup de locuteurs ngiemboon aiment leur langue et la parlent au quotidien, mais ne contribuent pas à son développement. Ainsi, le comité souffre d’un manque de ressources matérielles et financières pour supporter les différents axes de son plan d’action. En outre, peu de ressources humaines d’appui scientifique (linguistes, traducteurs, anthropologues, philosophes, historiens, littéraires, mathématiciens …) sont disponibles. Explorer les multiples richesses que véhicule la langue, et qui constituent autant de facettes d’un patrimoine déjà millénaire, s’avère impossible au regard des difficultés. De ces difficultés, découlent les besoins du comité de langue: en ressources humaines : adhésion de nouveaux membres pour animer le comité partout dans le monde, constitution d’un vivier de chercheurs/experts – linguistes et non linguistes-; en ressources matérielles, financières, infrastructurelles et en équipements ; besoin d’une visibilité au sein de la diaspora et d’une élite ngiemboon soucieuse de l’essor de leur culture et animée par un besoin d’enracinement culturel. L’implication de l’élite à la promotion et à la protection de la langue constitue encore une quête. Pourtant, cette élite est une pièce maîtresse en la matière étant donné qu’elle est considérée comme la locomotive de toute action de développement. De ce fait, elle doit appuyer la structure exécutive du comité en ressources financières, matérielles et en équipements, apporter son expertise si le domaine abordé (recherche linguistique, historique, anthropologique, …) participe de ses compétences, accéder aux offres de service linguistique et culturel du comité et acquérir ses productions scientifiques, didactiques et artistiques.

De la nécessité de la création de l’Organisation Intercommunautaire de la Ngiemboonphonie (OIN)

Les mythes cosmogoniques ngiemboon relatent que les Ngiemboon sont tous sortis d’un grand trou dans la localité de Nzye dans l’actuel Groupement Bangang. De cette blessure que les anthropologues assimilent à la voie génitale féminine de l’accouchement, le peuple Ngiemboon a vu le jour et au gré des circonstances heureuses ou malheureuses, s’est disloqué pour qu’on en vienne aujourd’hui aux cinq principaux groupements qui sont les Bangang, les Batcham, les Balessing, les Bamougong, les Balatchi. Les Batan et les Ngiemboon du Nord-Ouest ne sont pas aussi à exclure de cette grande famille. Donc, la première grande raison pour qu’il existe une grande institution qui regroupe le peuple ngiemboon est de l’ordre de la nature et de l’histoire. Ce peuple est fondamentalement issu de la même famille. Les historiens diront qu’il est descendu du lointain Nil en Egypte.

L’autre raison qui militerait en faveur de la création d’une telle structure relèverait du facteur linguistique et culturel. Même les personnes atteintes de myopie ne sauraient méconnaître l’homogénéité des us et coutumes de ce peuple. Les pratiques artistiques et culturelles sont quasi-identiques. Malgré les quelques divergences dialectales, l’unité-langue reconnue sous le glossonyme « Ngiemboon » signifiant littéralement « je dis que » est le parler commun à tout ce peuple.

Comment ne pas mentionner aussi la nécessité évidente de perpétuer les valeurs du vivre ensemble harmonieux entre des groupements voisins qui se doivent de coexister pacifiquement.

Quand toutes ces causes et bien d’autres seront validées, il restera que la Ngiemboonphonie dont la création nous semble désormais plus qu’une nécessité, perpétuera les efforts des différents responsables du comité de langue et culture ngiemboon qui ont initié des rencontres entre les Chefs ngiemboon. Ils n’ont jamais réussi à les avoir dans la totalité.

Après moult tentatives du Président KENNE FOUAFANG David sous le label Bamougong 1, 2, …, il a fini par capituler.

Lors de la renaissance du comité de langue et culture Ngiemboon en 2012, le Président DJIAFEUA Prosper, avec le concours de Prince TATSITSA Théophile, dit Mouo Nto’ Ngiemboon, ne put avoir que l’onction de 3 Chefs de Groupement sur les 5 attendus : le Chef Bamougong, le Sous – Chef Bangang, le représentant du Chef Batcham (la flamme ayant été éteinte). Contactés, les Chefs des 2 autres groupements, empêchés, ne se sont pas faits représentés. Il va sans dire que l’organisation inter-communautaire de la Ngiemboonphonie ne se substituera pas au Comité de Langue et Culture Ngiemboon. Les deux instances cohabiteront un peu comme l’Académie française et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Ainsi, les travaux de standardisation de la langue, d’insertion du patrimoine linguistique et culturel endogène ; les questions de transmission intergénérationnelle des valeurs culturelles du peuple, les questions de traduction, … bref des questions d’ordre technique sur la langue, continueront à être l’apanage de cette institution. En revanche, il incombera à la structure suggérée ici des tâches d’un tout autre ordre. Nous n’en citerons que deux dans le cadre de ce papier

  • Les tâches diplomatiques ;

La diplomatie se définit comme le tact et la délicatesse dans les relations humaines. En politique internationale, c’est la conduite pacifique des relations extérieures d’un Etat. Il nous semble logique que certaines tâches diplomatiques entre les groupements ngiemboon qui n’arrivent pas à trouver des solutions à causes des contingences historiques soient confiées à l’OIN. A travers cette diplomatie, on devrait par exemple étudier certains interdits dans les relations entre groupements et mettre sur pied des stratégies pour les dépasser et construire une paix durable.

Il convient de relever que l’OIN est une entité inter-communautaire et ne saurait s’immiscer dans la gestion interne des groupements.

  • La coopération 

La coopération est un soutien réciproque dans un but commun. Les projets d’intérêt commun entre les groupements ngiemboon devraient être planifiés, mis en œuvre dans le cadre de l’OIN. Un projet de coopération interculturelle qui intéresse la diaspora ngiemboon concerne la construction d’un monument représentatif de l’histoire commune du peuple. Le pont de Nzye qui symbolise la traversée du peuple après certainement son irruption dans le monde pourrait de par l’édification d’un pont ou d’un immeuble moderne, être le premier emblème de cette coopération entre les groupements Ngiemboon. La coopération peut s’étendre aux domaines de la santé, de l’éducation, de l’économie, du génie civil, etc.

  • Les tâches culturelles

Les tâches culturelles de l’OIN seront centrées sur l’appui au fonctionnement du Comité de Langues et Culture Ngiemboon, à l’octroi des bourses scolaires et de recherche aux enfants issus de tous les groupements sur la base de la méritocratie,

Sur le plan organisationnel, l’OIN doit être portée par un secrétariat exécutif qui siège dans une localité choisie de manière consensuelle par le conseil des Chefs de Groupement qui est une instance honoraire et consultative. Le budget de fonctionnement de cette structure exécutive sera assuré par les cotisations des groupements à partir des ressources prélevées dans les caisses des comités de développements.

Conclusion

Ce papier avait pour objectif de présenter des intentions pour dénoncer certaines pratiques qui sont de nature à réduire le potentiel d’émergence du grand peuple ngiemboon dont les fils, frères par essence, issus de ses différents groupements, n’agissent pas en symbiose dans le cadre des projets inter-communautaires. Nous avons suggéré la mise sur pied d’une Organisation dénommée « Organisation Inter-communautaire de la Ngiemboonphonie » dont l’exploration a à peine été effleurée ici.

(c) Mesa’ako Patsoon N°05, Novembre 2019

You may also like

Leave a Comment