L’homme à son arrivée sur ces terres jusque-là sanctuaire du gibier, a aussitôt imposé sa suprématie sur les animaux jusqu’à l’extinction totale des éléphants. Si ce pachyderme appartient aux temps mémoriaux ici, son âme et l’histoire du groupement restent intimement liées. En fait, Fouo Teugwa, 8e Roi dans la dynastie, avait au cours de son règne, fait monter un éléphant virtuel.
Au plus fort des batailles pour la préservation de son territoire contre les tentatives d’invasion et face à l’adversité de plus en plus grande, il va venir à l’idée de Fouo Teugwa de jeter sa dernière arme dans la bataille, l’éléphant. Il va faire monter une carcasse à l’image d’un éléphant. De vaillants guerriers vont s’y introduire afin de le faire mouvoir. Le prochain assaut de l’ennemie ne fut qu’un pétard mouillé. À bonne distance, les combattants d’en face aperçurent l’énorme éléphant monté de toutes pièces qui leur fonçait dessus avec une apparente détermination d’en découdre avec eux ; ceci devant des guerriers Bamougong qui avançaient gardant chacun ses doigts croisés afin que l’ennemie prenne peur et détale à toutes jambes.
La ruse fonctionna comme prévu car l’envaillisseur s’enfuya, laissant derrière lui une partie de son arsenal, et ne revint plus jamais.
Nɔ̀ɔn megùb, c’est le nom générique que l’on donna à cette création artistico-culturelle. Ses rares apparitions avaient lieu lors de grandes manifestations dans le groupement et chaque 11 février pendant la célébration de la fête de la jeunesse. Sa Majesté Namekong Teugwa Jean Pierre, pendant son règne, va y apporter sa touche particulière. Dressé à l’image d’un éléphant, les sorties de Nɔ̀ɔn megùb drainaient de nombreux curieux. Quant au mode opératoire, il reste l’apanage des seuls initiés dont les plus connus sont : Too Pachia du village Bakoum, Talazo’oh de Batoutia, Nde Jyoti de King place et Too Notio’oh du village Batoumoc II.
De Nɔ̀ɔn megùb à Mashyoon
Il faut dire que « Machyoon » signifie « énorme éléphant », adopté depuis comme emblème du groupement. C’est le fruit du génie créateur de Sa Majesté Namekong de regrettée mémoire. C’était un homme pluridimensionnel dont la vie reposait sur la trilogie : Art – culture – Humour. L’amour ne serait pas de trop !
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(C) Mashyoon Magazine n°002, Août 2021
Retour sur L’origine de Ngiemboon
https://edicaf.com/?p=33328
La fondation du groupement Bamougong